Après les morts

Posted on November 17, 2015 by Nicolas Biri

Chère France,

Même si les morts sont toujours dans nos pensées, ton deuil prend fin. J’ai attendu cela pour t’écrire, par respect pour toi, malgré la nausée que provoquait chez moi pendant ce temps l’agitation de certains de tes représentants et de tes penseurs.

Que l’horreur est effroyable quand elle est proche de nous ! Je n’ai pas peur, je suis juste empli de tristesse. Triste en pensant à ces innocents qui sont morts évidemment. Triste également en pensant à la haine qui transpire d’une partie de ton peuple, haine qui m’a mis plus d’une fois le cœur au bord des lèvres ces derniers temps.

C’est que, vois-tu, dans toute cette horreur, je n’arrive pas à en vouloir à ceux qui sont morts. Des gens assez faibles pour partir en mission-suicide pour tuer des gens dont ils ne savent rien méritent également à mon avis un peu de compassion. Certains de ces terroristes ont grandi parmi nous, ont vécu dans nos villes, sont allés dans nos écoles, et nous n’avons pas réussi à leur inculquer un minimum de respect de la vie humaine.

Une part non négligeable de notre peuple flirte de manière ouverte avec la haine. Oh, rien de comparable avec la haine qui pousse à tuer des innocents non, juste celle qui crédibilise le discours de ceux qui les embrigadent. Quand j’ai lu la revendication de l’État Islamique, j’ai pensé à Zemmour, au Front National, et aux autres et je me suis dit que leurs mots et leurs gesticulations, en plus de ne résoudre aucun problème, donnent du crédit à ces discours incohérents. La haine nourrit la haine, ce n’est pas nouveau mais cette instance est tellement cruelle qu’elle est dure à supporter.

J’ai peur pour toi, peur que la haine te ronge, de l’extérieur comme de l’intérieur. J’ai peur mais soyons honnêtes, cette peur n’est pas une victoire des terroristes, c’est juste notre défaite.